Jade Hamaoui incarne un parcours sportif remarquable marqué par la passion, l’excellence et une capacité hors du commun à surmonter les défis. Ancienne pensionnaire du Pôle Espoir Île-de-France de basketball, elle a su gravir les échelons du sport de haut niveau avant qu’une maladie cardiaque ne mette fin à sa carrière prometteuse. Aujourd’hui, elle se consacre à la transmission de son expérience aux jeunes générations.
Les débuts prometteurs d’une passionnée de sport
Née en Seine-et-Marne, Jade Hamaoui découvre très tôt le sport. Enfant curieuse et dynamique, elle pratique plusieurs disciplines, dont l’équitation et la danse. Ce n’est cependant qu’à 9 ans qu’elle trouve sa véritable vocation, grâce à une amie qui l’invite à découvrir le basketball au CS Meaux, le club de sa ville natale.
Après trois saisons formatrices, elle rejoint Marne-la-Vallée, un club phare de son département. Là, bien qu’encore benjamine, elle évolue déjà en catégorie minime France, démontrant un talent et une maturité impressionnants. Cette ascension fulgurante la conduit à porter le maillot de la sélection départementale de Seine-et-Marne, avant d’intégrer le prestigieux Pôle Espoir Île-de-France à Eaubonne.
Une progression constante au Pôle Espoir et en sélection régionale
Au Pôle Espoir Île-de-France, Jade affine ses compétences durant deux années intenses. Elle participe aux Finales Nationales du Tournoi Inter-Ligue U15 avec la sélection francilienne, atteignant la finale à deux reprises. Malgré des défaites face aux Pays de la Loire d’Iliana Rupert en 2015 et au Nord Pas-de-Calais de Zoé Wadoux et Kendra Chéry en 2016, ces expériences forgent son mental et solidifient son ambition.
La révélation au centre de formation du Tango Bourges Basket
À la sortie du Pôle Espoir, Jade rejoint le centre de formation du Tango Bourges Basket, l’un des meilleurs clubs de France. Le 16 décembre 2017, à seulement 16 ans, elle fait ses débuts en Ligue Féminine de Basketball (LFB) lors d’un match contre la Roche Vendée BC. En seulement 4 minutes de jeu, elle inscrit 2 points, capte 2 rebonds et réussit un contre, démontrant déjà sa capacité à impacter les rencontres.
Sous la houlette d’Olivier Lafargue, elle intègre régulièrement l’équipe première et dispute sept matchs de LFB lors de ses années cadettes. En 2019, elle vit deux moments marquants : une victoire en Coupe de France à Bercy aux côtés de joueuses emblématiques comme Marine Johannès et Alexia Chartereau, suivie d’une participation au Four Espoir LFB, où Bourges atteint la finale.
La transition en LF2 et les premiers défis
Après l’obtention de son baccalauréat en 2019, Jade rejoint l’effectif professionnel de Bourges. Cependant, les compétitions sont interrompues en 2020 à cause de la pandémie de COVID-19. La saison suivante, elle s’engage avec l’AS Aulnoye-Aymeries en Ligue 2, où elle joue 20 matchs avec un rôle croissant. Elle brille notamment contre l’UFAB49, future équipe championne, avec 11 points et une évaluation de 9 en seulement 16 minutes.
Pour la saison 2021-2022, Jade rejoint le BC Montbrison féminin, où elle continue d’afficher des performances solides, tournant à 5,3 points, 2,8 rebonds et 3,4 passes décisives par match.
Une carrière internationale marquée par l’or et le bronze
En parallèle de son parcours en club, Jade Hamaoui brille également avec les équipes de France jeunes. Dès 2016, elle porte fièrement le maillot tricolore lors du Tournoi de l’OFAJ à Heidelberg et du Tournoi de l’amitié en Espagne.
Sa première consécration arrive à l’été 2017, lorsqu’elle remporte la médaille d’or au Championnat d’Europe U16 à Bourges. Véritable pilier de l’équipe, elle commence chaque rencontre dans le cinq majeur et joue en moyenne 18 minutes par match. Son entraîneur, Arnaud Guppillotte, la décrit comme un « couteau suisse » grâce à sa polyvalence et son apport précieux des deux côtés du terrain.
En 2019, elle décroche une médaille de bronze au Championnat d’Europe U18 à Sarajevo, avant de conclure son parcours en équipe de France jeunes par une victoire au FIBA Women’s European Challenger 2021 avec les U20.
Une fin de carrière prématurée et une nouvelle mission
Le 2 janvier 2022, lors d’un entraînement, Jade est victime d’un malaise cardiaque. Quelques jours plus tard, le diagnostic tombe : une maladie cardiaque met un terme à sa carrière professionnelle. Ce coup dur ne freine pas sa volonté de rester active dans le monde du basketball. Jad décide de s’investir en tant qu’entraîneur au BC Montbrison jusqu’à la fin de la saison, découvrant une nouvelle vocation.
Interview de Jade Hamaoui
Après avoir retracé le parcours exceptionnel de Jade Hamaoui, marqué par ses succès sur le terrain et sa résilience face à l’adversité, nous avons eu l’opportunité de lui poser quelques questions pour en savoir plus sur son expérience et ses projets futurs. Voici l’interview exclusive de cette joueuse déterminée et inspirante.
Quels souvenirs gardez-vous de vos années au Pôle Espoir Île-de-France, et qu’est-ce que cette expérience a apporté à votre carrière ?
Je me souviens que le premier sentiment que j’ai ressenti en arrivant là-bas était la peur, celle de devoir quitter mes parents pour la première fois. Cependant, ce sentiment s’est dissipé très rapidement, car j’y ai rencontré des personnes formidables, qui sont encore aujourd’hui de grands amis. Sur le plan du basket, cette expérience a marqué pour moi le début d’un grand changement : passer de deux entraînements par semaine à des séances quotidiennes. C’était le début d’une véritable exigence et du haut niveau, et nous avons été préparés à en prendre pleinement conscience.
Quels ont été les moments les plus marquants de votre passage au centre de formation de Bourges ?
Choisir un moment précis est très difficile, car j’ai vécu à Bourges quatre années extraordinaires à différents niveaux ! Cependant, le souvenir qui m’a le plus marqué est sans doute celui du jour où j’ai appris que j’allais m’entraîner pour la première fois avec l’équipe professionnelle dès ma première année. Cette nouvelle a donné un véritable coup de boost à mon développement et à ma carrière, car j’ai dû entrer plus rapidement dans le monde professionnel que les autres.
Comment avez-vous vécu votre premier match professionnel à seulement 16 ans ? Était-ce un rêve devenu réalité ou une expérience stressante ?
Je ne sais pas si devenir professionnelle était déjà dans un coin de ma tête à cet âge-là, mais je me souviens très bien de mon premier match en tant que joueuse professionnelle. J’étais paniquée à l’idée de jouer avec de grandes stars du basket français et d’évoluer tout simplement dans le monde pro. J’étais tellement stressée que j’avais même peur de rater mes tirs à l’échauffement. Jamais je n’aurais imaginé que l’entraîneur me ferait entrer sur le terrain… Je me rappelle que ma mère avait fait le déplacement à Roche Vendée et qu’elle me faisait des signes depuis les tribunes pour me dire de me calmer, que tout allait bien se passer.
Lorsque l’entraîneur a appelé mon nom pour me faire entrer sur le terrain, tout autour de moi a explosé de joie. Mais moi, je me suis figée. J’ai pris la place de Marine Johannes, ce qui me semblait irréel. Après quelques courses, j’ai finalement réussi à me détendre et j’ai marqué mon premier panier. Sur le moment, je ne m’en suis même pas rendu compte. Ce n’est qu’après, en rejoignant ma mère, que j’ai réalisé ce que j’avais accompli. C’était une expérience à la fois merveilleuse et effrayante. Aujourd’hui, j’en garde un souvenir inoubliable.
Que représente pour vous votre première sélection en équipe de France U15 ? Était-ce un objectif que vous aviez depuis vos débuts ?
Tout comme ma carrière professionnelle, intégrer l’équipe de France n’était pas un objectif au départ ; je vivais un peu au jour le jour. Alors, lorsque j’ai appris que j’étais sélectionnée pour participer aux premiers entraînements, j’ai été très surprise. Je me demandais ce que j’avais de si spécial par rapport aux autres. En même temps, j’étais extrêmement fière de moi, car cela signifiait que j’avais quelque chose en plus, même si je ne savais pas encore exactement quoi.
Comment avez-vous géré l’annonce de votre maladie cardiaque et l’arrêt forcé de votre carrière professionnelle ?
L’annonce de la fin de ma carrière a été l’une des pires épreuves de ma vie. En quelques mots, le médecin m’a expliqué que je devais arrêter l’activité à laquelle j’avais consacré toute ma vie. Ce jour-là, j’ai eu l’impression de recevoir un énorme coup de massue. Heureusement, j’ai pu compter sur ma famille, mes amis et mon club, qui ont été présents pour moi dans ce moment difficile. Sans eux, je serais probablement tombée en dépression, mais ils ne m’ont laissé aucun moment de répit. Dès ma sortie de l’hôpital, je n’ai pas été seule une seconde, et cela m’a beaucoup aidée.
Le club m’a également confié de nouvelles missions liées aux équipes professionnelles et au secteur amateur, ce qui m’a permis de rester impliquée. Les filles de mon équipe étaient constamment là pour moi, organisant des moments ensemble afin que je ne sois pas isolée et que je pense à autre chose.
Cependant, assister à leurs entraînements et matchs a été très difficile au début. Il m’arrivait parfois de m’isoler pendant les séances, car les voir s’entraîner était une épreuve émotionnelle trop forte pour moi.
Qu’est-ce qui vous a poussé à rester dans le monde du basketball en devenant entraîneuse ?
C’est le club de Montbrison qui m’a poussée à devenir entraîneuse après mon accident. À mon retour au club, on m’a confié une équipe de U9 qui se retrouvait parfois sans coach. J’ai eu un véritable coup de foudre pour ces gamines qui me connaissaient déjà, car elles venaient me voir jouer le week-end. Elles écoutaient mes explications avec une attention incroyable pendant les entraînements, et cela m’a fait tellement plaisir de les voir progresser grâce à mes conseils que j’ai continué à m’investir avec elles, tant pour les entraînements que pour les matchs.
À partir de là, la présidente du club m’a proposé un BPJEPS (Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport) pour l’année suivante. Et c’est ainsi qu’une nouvelle aventure a commencé !
Pouvez-vous nous en dire plus sur l’association que vous parrainez et les objectifs que vous poursuivez à travers cet engagement ?
Je suis marraine du LABS. Ce programme a été créé par mes premiers coachs, inspirés des entraînements individuels qu’ils me proposaient pendant les trêves internationales. L’idée était de proposer des entraînements individuels spécifiquement pour les filles, ce qui était très rare, voire inexistant à l’époque, et cela pour tout âge à partir d’un certain niveau.
L’objectif du LABS est d’offrir aux joueuses qui le souhaitent des séances d’entraînement personnalisées et des conseils complémentaires à ceux qu’elles reçoivent pendant l’année. Nous suivons également les joueuses pendant leur saison, en regardant leurs matchs et en analysant leurs statistiques. Ainsi, lorsqu’elles reviennent, nous savons déjà sur quels aspects travailler.
Quel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes filles qui aspirent à une carrière dans le basketball ?
Amusez-vous parce qu’il ne faut pas oublier que c’est que du basket et qu’à la base on a commencé pour le plaisir. Vous avez le droit de rater des choses. Ce n’est pas grave au contraire, ça vous permet de vous améliorez et qu’encore une fois sans plaisir, on ne peut pas avancer. Donc amusez-vous !
Quel enseignement principal retenez-vous de votre parcours, qu’il soit sportif ou personnel ?
Croire en ses capacités, même quand c’est difficile, et toujours être bien entouré.
Un grand merci à Jade pour son témoignage inspirant et son partage d’expérience, qui sauront sans aucun doute éclairer et motiver les générations futures.
Propos recueillis par Marion Rathery.